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chasses et voyages au congo

que celui d’Abyssinie, et le cou nu et rose, alors que celui de l’Ougaden l’avait vert-jaune comme le col du vautour.


7 février.

Nous nous’mettons en route pour le lac Edouard : on nous y annonce deux gros troupeaux de buffles. À 8 h. 1/2, nous partons par le petit bois aux cynos et bientôt nous traversons une interminable plaine où continuellement nous croisons de formidables troupes de kobs ou de topis. Les kobs ont exactement la même allure que les gazelles Sommering dont nous avons vu les énormes bandes former comme des rubans mouvants dans les plaines du Soudan ; il n’y a entre elles qu’une différence, c’est que les femelles des kobs n’ont pas de cornes. — Vers 11 heures, nous nous approchons de la Rutschuru que nous apercevons bientôt à nos pieds, au fond d’une énorme faille. On se croirait au haut d’un vaste amphithéâtre, dont les parois toutes droites surplombent l’abîme et la rivière qui à cet endroit prend l’aspect d’un grand lac ; le terrain en amont s’abaisse jusqu’au bord de l’eau et par places se couvre de palmiers et de buissons. On nous a fait signe d’approcher sans bruit, et en nous penchant un peu, un spectacle inoubliable s’offre à nos yeux : 30 à 40 hippos sont ici dans ce trou en train de se baigner et de se chauffer’au soleil. Dans l’eau et sur la berge d’en face, il y en a de tout âge et de toute taille, et il est aussi amusant qu’intéressant de suivre leurs ébats. Nous sommes comme sur une tribune pour admirer le spectacle au milieu des éternuements des hippos. Les uns plongent et jouent comme des baigneuses, les autres lancent en l’air de la poussière d’eau ou mettent de temps en temps la tête de côté tel un nageur qui va partir entre deux camarades. Le plus gros marche dans l’eau où il a fond. Ces grosses bêtes qui sont des monstres informes quand elles se déplacent à terre, deviennent presque gracieuses quand elles se meuvent dans leur élément.