Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
chasses et voyages au congo

pouvoir invincible de l’une des forces les plus puissantes de la nature. Les populations primitives y ont recours comme agent destructeur pour purger le terrain des herbes envahissantes et des myriades d’insectes qui’y pullulent, et cette opération qui se fait chaque année à la fin de la saison sèche, doit permettre dès les premières pluies, aux jeunes herbes de repousser avec une vigueur d’autant plus grande que les cendres leur ont servi d’engrais. En principe, cette façon un peu barbare de procéder, choque notre manière européenne de concevoir les choses, car on a beau dire que le feu s’arrête à la lisière des forêts, et que les grands arbres n’en sont point touchés, il y en a toujours l’un ou l’autre, qui à chaque saison tombe victime de l’incendie, et à la longue, petit à petit la limite de la forêt recule jusqu’au jour où elle aura complètement disparu et alors après quelques siècles, on voit des contrées qui autrefois étaient riches et florissantes, parce que couvertes de forêts, se convertir en déserts arides.

Je ne citerai à l’appui de mes dires qu’un exemple, celui de l’Algérie qui du temps des Romains e’appelait le grenier de l’Europe, et qui depuis le passage des Arabes a vu ses forêts dévastées et nombre de ses provinces transformées en terrains incultes, par suite du déboisement dont les conséquences sont toujours le bouleversement du régime des eaux et la’sécheresse de plus en plus grande qui en est la suite. Déjà dans un voyage précédent, au Walaga, j’ai été aux prises avec l’élément dévastateur quand pour l’arrêter je me suis vu contraint de faire creuser un vaste fossé, mais aujourd’hui il n’entrave pas notre voyage, et quand nous avons dépassé la ligne de feu, nous poursuivons notre route sans plus d’obstacles et après une montée prise dans l’obscurité, la nuit étant survenue entre temps, nous arrivons assez tard au poste de Bilamo, où nous nous hâtons de dresser les tentes.


3-6 février.

Constitué il y a deux ans, le Parc Albert qui forme