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chasses et voyages au congo

la descente qui dévale presque à pic vers la rivière et le pont de branchages qu’elle enjambe : c’est la Rutschuru De l’autre côté est la Réserve de chasse, le fameux parc Albert dont on nous a tant parlé, et où par faveur spéciale je suis autorisé à tirer quelques antilopes variées et des fauves si la chance veut que j’en rencontre… Vite jetons un regard curieux sur le terrain de nos futurs exploits de l’autre côté de l’eau ; la plaine qui plus loin ira en s’élargissant est assez resserrée à cet endroit, et nous nous trouvons presque au pied des montagnes de la Rutschuru, dont la chaîne faisant suite à celle des volcans va en s’affaiblissant progressivement vers le nord jusqu’au moment où elle rejoint l’autre chaîne, celle qui borde’le lac Edouard, et dont les ramifications s’étendent vers le sud jusque dans les plaines de la Ruindi ; en somme tout le massif montagneux, qui depuis la frontière du Soudan au nord jusque’au delà du Tanganyka au sud’élève comme une muraille dans la Province Orientale du Congo, dans le Kivu et jusqu’au Katanga, indique bien la démarcation des eaux et ce nom de Congo-Nil qu’on lui a donné, répond parfaitement au système des eaux qui selon le versant où elles coulent se dirigent vers la Méditerranée ou l’Atlantique. Le pays me rappelle le Soudan ou l’Aouache. Les herbes brûlées, les mimosas à épines et pour complémenter l’illusion, les termitières, les sympathiques termitières ont reparu. De grands lézards du genre caméléon courent devant nous, ils sont tour à tour bleus, à reflets d’acier, d’un bleu genre Loïe Fuller, puis verts, puis bruns avec une queue jaune serin, et changent de couleur selon l’heure et le milieu où ils se trouvent. À part cela pas de gibier ; quelques rares phacochères se risquent encore parfois la nuit au bord de la rivière, mais la proximité de la route et la présence des travailleurs, sans parler du’passage des autos ont fait rentrer vers l’intérieur la faune autrefois abondante dans la région, et c’est pour la préserver qu’avec raison on a créé la Réserve, pour conserver les espèces intéressantes qui auraient disparu de cette partie du Congo si l’on n’y avait pris garde à temps.