soufflet en peau, l’assistance à l’entour, entonnait des chants et se livrait à des simagrées destinées à conjurer les esprits, et à les rendre favorables, sorte d’incantation du feu qui fait penser à celle de la Walkyrie dans Wagner. Nous traversons le village indigène où des petites huttes montées sur pilotis comme celles que nous avons vues au Soudan et avant cela en pays Shankalla, servent de greniers à grains et abritent le sorgho contre l’humidité du sol, puis revenant vers le quartier européen nous passons devant la maison du Game-Warden sur le toit de laquelle une grue couronnée (crested crâne) presque apprivoisée se promène majestueusement, pendant’que devant nous l’hémicycle grandiose des volcans se teinte successivement de tous les eux du couchant, jusqu’au moment où le dernier rayon ayant disparu à leur crête, ils rentrent un à un dans la nuit.
La féerie est finie, et aussi l’enchantement dans lequel nous avons vécu pendant’24 heures trop courtes, hélas ! mais l’Administrateur s’étant conformé au désir que nous lui avions exprimé par écrit de trouver à Rutschuru une caravane de porteurs pour l’expédition de chasse que nous avions projetée de faire dans la Réserve de la Ruindi, nous vîmes arriver le soir même une horde sauvage et hurlante qu’on nous dit être les porteurs en question. Bon gré, mal gré il faudra se remettre en route, et le Conservateur de la Réserve, M. Hemeleers ayant lui-même paru pour nous accompagner, nous fixons le départ au lendemain.
Notre première impression sur la caravane qu’on mettait à notre disposition se trouva confirmée par la suite ; jamais je ne vis population indigène plus mauvaise, et nous eûmes à faire à un ramassis de paresseux, menteurs et voleurs peu ordinaires. Plus près encore de la bête que de l’homme, on a tort de croire qu’on peut appliquer à ces gens des méthodes d’éducation qu’ils ne sont pas aptes à comprendre : il ne faut pas leur apprendre à lire mais à travailler. Il faut bien les nourrir, il faut les soigner, quand ils sont