n’ayant pas de crocos. Puis à l’heure du whisky, on voit paraître un énorme troupeau de bœufs qui viennent se désaltérer à l’eau miroitante du lac ; ils ont des cornes d’une dimension extraordinaire qui au dire des gens du pays épuisent la croissance et poussent chez les vaches au détriment du lait : c’est pourquoi dans l’élevage qu’il a entrepris, Ligne par des croisements savants avec du bétail qu’il fait venir d’autres provinces, veut arriver à diminuer les cornes.
La plage se termine par un petit port et une jetée que les Boches avaient aménagés pour y abriter leurs bateaux, et qui se trouva achevée, comme par hasard, au moment où la guerre éclata.
Kiseny comparé à Bukavu, laisse une impression d’abandon ; de belles allées rectilignes, plantées de palmiers, et tracées avec ampleur toujours par les Boches, conduisent de la place aux bâtiments de l’administration, et dominant ceux-ci, une espèce de villa qui a été transformée eu laboratoire depuis l’occupation belge, mais qui du temps des Allemands servait de résidence au Commandant de la place. On sent partout, que les Boches avaient prévu de faire de cet endroit la tête de ligne de toutes leurs entreprises, et il nous revient certains bruits, qui font croire qu’ils n’ont pas encore complètement abandonné leurs visées sur leurs anciennes provinces. Leur espionnage est toujours en éveil, et leur esprit d’intrigue entregent à la Cour même du roi Musinga tout un parti, qui sous des dehors de soumission serait prêt au moindre signe à se retourner du côté de l’ancien occupant qui lui laissait plus de liberté et tolérait certains abus que le Gouvernement belge a réformés. On me dit que pour entretenir leur popularité auprès de leurs anciens soldats noirs, les Allemands ont payé leur solde après la guerre, et toute une infiltration néo-boche s’opère ici lentement, à laquelle on fera bien de faire attention.
Nous avons attendu pendant deux jours à Kiseny que