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troupe, que je taxe être composée d’une demi-douzaine d’individus, parmi lesquels on perçoit une très grosse voix. Nous sommes salués par des aboiements et des hurlements répétés, mais ne constatons ni attaque, ni battements de poitrine. Aucun individu ne se dresse sur les pattes de derrière, et toute la’bande disparaît telle des fantômes, comme elle est venue sans faire le moindre bruit, et sans faire bouger une feuille. Donc ici le gros mâle, certainement présent, n’a pas défendu sa famille et pas chargé, malgré des bâtons et des pierres lancées dans le fourré pour inciter les animaux à en sortir.

Troisième jour : Je suis décidé à avoir un gorille quel qu’il soit, et à tirer dès que « cela » bougera. Car jamais, en admettant même que je puisse continuer ce jeu, éreintant à la longue, je n’arriverai à distinguer le gros mâle, une fois qu’il ne se dresse pas devant moi, et ne m’attaque pas. Nous faisons une première rencontre d’une troupe nombreuse, au moins d’une quinzaine (les Pygmées prétendent trente). Les feuilles bougent tout autour de nous : j’entrevois deux petits, et à tout hasard, je lance au jugé une balle sur un être plus grand, mais sans résultat. Nous entamons la poursuite : je tire une balle à bout portant, vers une ombre qui fuit, en tout cas une très grosse bête, qui d’après mes hommes doit être le gros mâle. Je renonce à la carabine, et prends mon calibre 12 avec 12 ballettes. Dans un couloir de verdure, à quatre pattes moi-même, je tire dans la figure d’un gros individu, qui vient à ma rencontre dans la même position. Nous trouvons du sang que nous suivons, et qui nous mène littéralement au milieu d’une bande qui nous entoure en aboyant, y compris la voix du gros blessé, mais sans aucun danger réel. Je tue un jeune mâle (un mètre de taille et quarante centimèt. de diamètre d’épaule à épaule) qui faisait fuir l’un des noirs, après qu’il eût jeté sur lui mon second fusil, et nous essayons mais en vain de retrouver le blessé. Le lendemain j’envoie encore les Pygmées à la recherche de celui-ci, et à midi