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chasses et voyages au congo

ils pullulaient, aujourd’hui on n’en rencontre plus un seul, et par contre les antilopes ont complètement disparu de la région où nous sommes, alors qu’à l’époque de Stanley on pouvait les compter par centaines. La similitude est donc absolue, et cette constatation est intéressante parce qu’au point de vue de la culture et spécialement de celle du café, on peut se communiquer l’expérience acquise de part et d’autre et s’entr’aider.

Personne, je pense, n’a fait le métier invraisemblable que j’ai fait trois jours durant, en rampant pendant des heures avec les Pygmées, dans des fourrés inextricables. Premier jour : les Pygmées pistent les gorilles et apportent sur des feuilles, — comme le ferait un domestique bien stylé d’une lettre sur un plateau d’argent — des fientes fraîches de l’animal qu’ils ont repéré. Nous nous mettons en chasse, et par trois fois à une demi-heure de distance, nous nous en approchons et nous le poursuivons par les fourrés : c’est un mâle qui aboie à quelques mètres de nous, mais invisible s’enfuit. Pas question de charge, ni de coups de poings sur la poitrine, mais comme il était seul et sans famille à défendre, peut être a-t-il jugé inutile d’attaquer.

Deuxième jour : La forêt est plus haute : il y a moins d’herbe et plus de sous-bois. Au bout d’une demi-heure, nous faisons une première rencontre analogue à celle d’hier, mais cette fois, il semble y avoir plusieurs individus. Suivant les traces et les fientes après la première alerte, j’arrive au lit d’un gros mâle. Au haut d’une éminence sous un arbre, l’endroit où doit reposer la tête, est marqué dans le sol plus haut que le reste du corps. La place des fesses est indiquée en creux, une crotte à la base du lit prouve sans aucun doute, que l’animal a reposé ici encore tout récemment. D’ailleurs les petites branches rongées et pillées par terre confirment la très certaine proximité des singes. Un peu plus loin, dans un inextricable fouillis de plantes impénétrables à la vue, nous tombons sur une