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chasses et voyages au congo

où les caféiers alternent avec les quinquinas, puis en dévalant vers la plaine, le regard se porte sur les nombreuses plantations que des colons de toute nationalité font ici pousser à l’envi. Au loin se profile le domaine de la Linéa que nous venons d’admirer et encore au-delà et dominant le lac, s’estompent les hauteurs de l’île Kidjwy, dont la masse ferme l’horizon de ce côté, tandis que plus au Sud, par temps clair on peut distinguer les maisons blanches et les toits rouges de Bukavu. Par un curieux effet d’optique, le lac semblait plus haut que la vallée, et selon les heures du jour il prenait tour à tour l’aspect d’un brasier incandescent ou d’une mer argentée. Le panorama la nuit devenait fantastique, et je n’oublierai de longtemps, la pleine lune qui continuant l’illusion du jour, éclairait d’une lumière blanchâtre mais intense, tous les détails du paysage soumis à nos regards.

La région me rappelle beaucoup celle de nos plantations d’Ethiopie et je constate une fois de plus qu’à la même altitude en Afrique, la faune et la flore sont identiques. La végétation de la montagne qui surplombe Tchibinda et où habitent les gorilles, est à peu de chose près, la même que celle des monts Gugu qui dominent nos plaines des Arrousis en Abyssinie. Sauf les bambous nombreux ici et que nous n’avons guère là-bas, mais que j’ai rencontrés entre 2.000 et 3.000 mètres dans la forêt d’Arena aux confins du Bahli (pays Galla, sud du Webbi), j’ai retrouvé le Cousso (arbre dont la fleur en infusion, sert couramment de remède en Abyssinie comme purgatif et surtout comme vermifuge contre le ver solitaire, mais dont on ignore l’emploi ici), les lichens aux arbres, les orchidées blanches, et j’ai rapporté au camp des brassées de plantes que j’ai étudiées, et qui sont les mêmes que celles que je connais de mes expéditions précédentes. Même constatation pour la faune qui est la même à la même latitude, à moins qu’elle n’ait été détruite : ainsi les éléphants, dont ici oh trouve des traces, dans cette même forêt d’Arena où il y a trente ans