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chasses et voyages au congo

à pouvoir gagner Kalembe-Lembe le lendemain et, après un repos d’une bonne heure nous fîmes encore deux heure de route malgré une petite pluie qui s’était mise à tomber imperceptiblement nous descendions tout le temps, et en voyant maitenant la forêt plus ouverte, nous nous rendions ’compte combien par la suite elle était devenue plus touffue.

À 5 heures, nous avions atteint notre but, et trouvions la place du campement déjà occupée par un jeune prospecteur belge nommé P., en route pour le Manyéma, et avec lequel après avoir fait connaissance nous fêtâmes gaiment le réveillon, car nous étions au soir du 31 décembre. (Je fais à cette occasion une remarque qui nous amuse, basée sur nos rencontres précédentes, qui m’incitent à classer en deux groupes distincts les prospecteurs qu’on envoie dans ce pays, la Banque de Bruxelles donnant la préférence au pigment noir dont MM. T. et P. sont des exemples, alors que la Société Générale semble accorder plus volontiers sa confiance à l’élément blond représenté par M. N.


1er  janvier au 6 janvier.

Après avoir souhaité la bonne année à notre ami d’une soirée, nous quittons Mutsoba-Kilina et nous dirigeons vers la montagne, d’où il y a quatre semaines nous étions descendus pleins d’espoir, espoir, qui, je dois le dire, n’a point été déçu, mais après l’hécatombe auquel je viens de livrer, j’avoue que mon sentiment dominant pour le moment est de me dire qu’il est reposant de n’avoir plus besoin de tuer ! Oh ! mystère éternel qu’est l’âme humaine, et comme souvent dans la vie nous sommes en contradiction avec nous-mêmes !

Nous montons par le sentier assez raide que nous connaissons déjà, et qui nous mène en une bonne demi-heure à la crête située à 1.200 mètres d’altitude ; le paysage redevient alpestre ; on se croirait en Alsace, ou mieux encore en Suisse entre Bâle et Berne ; un dernier regard jeté en