Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
chasses et voyages au congo

pour disparaître bientôt dans les herbes à la crête. Je me jette aussitôt à sa poursuite à travers le ruisseau mais je tombe dans un infâme marais, et je perds beaucoup de temps à sortir de la boue où je suis enlisé, de sorte que ma proie prend sur moi une belle avance, et quand à mon tour, j’arrive au haut de la colline, je n’aperçois plus rien que la trace que je me mis alors à suivre pendant plusieurs kilomètres, mais ce fût hélas sans succès, et je ne vis plus rien. Pendant que je m’éloignais, j’avais dit à ma femme de m’attendre au bord de la rivière, et quand au bout d’un certain temps je vis que ma poursuite était vaine, je lui dépêchais un messager pour lui dire de venir me rejoindre avec le déjeuner, car le soleil était au zénith, il faisait très chaud, et une collation suivie du repos obligatoire à cette heure s’imposait. Elle fut longue à venir, et lorsqu’enfin je la vis paraître, elle me raconta indignée, que lorsque mon message lui était parvenu, et qu’elle avait ordonné à ses porteurs de tippoye de se mettre en route, ils lui avaient tout simplement refusé obéissance, et déclaré qu’ils n’iraient pas plus loin : toutes ses injonctions étant restées vaines, elle avait dû finir par se servir de son parasol, et ce n’est qu’à coups de trique, qu’elle avait réussi à faire avancer les récalcitrants. Tous ces avatars et la non-réussite de notre journée nous avait mis tous deux de fort méchante humeur, et le retour au camp fût morne, d’autant plus qu’un ciel devenu peu à peu noir d’encre menaçait de déverser sur nous toutes ses cataractes. Aussi après avoir avalé à la hâte nos sardines et nos œufs durs, nous hâtâmes nous de repartir. En route nous vîmes encore un gros buffle, et je ne résistai pas au plaisir de m’en approcher ; porté sur les épaules d’un homme, je traversai un ruisseau qui m’en séparait, mais lorsque j’arrivai sur la place où nous l’avions aperçu, il avait disparu, et je ne m’attardai pas davantage à le chercher, car entre temps l’orage avait éclaté formidable, et après une heure de marche au pas