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chasses et voyages au congo

assez raides, nous nous retrouvons en terrain plat, et une grande plaine herbue se déroule devant nous ; peu après, nous croyons apercevoir la silhouette d’un éléphant qui se faufile dans l’herbage, et en le cherchant, nous nous trouvons tout à coup en présence de trois buffles arrêtés au bord d’un petit marais. J’en blesse un au sang, et après une assez longue poursuite nous y renonçons, la trace nous ayant menés jusqu’au bord d’un fourré trop épais pour y continuer nos recherches sans danger. Nous retournons en arrière vers l’endroit où nous avons laissé nos typpoyes, et nous mettons à héler les porteurs de ceux-ci, pour qu’ils nous rejoignent, mais pendant bien une heure nous les appelons en vain, ils restent sourds à notre voix et se cachent obstinément pour retarder autant qu’ils le peuvent notre marche en avant ; à la fin, ils se décident à reparaître, mais c’est pour nous persuader qu’il n’y a plus rien à faire dans la région, et qu’il est temps de rentrer au camp. Nouvelle lutte et nous finissons par les décider à marcher dans le sens opposé, mais tout à coup, nous tombons sur la trace d’un éléphant, probablement celui que nous avons aperçu tout à l’heure, et comme la trace marche dans la direction du village, nous croyons à une nouvelle ruse des boys pour nous y ramener, et nous les suivons sans grande confiance. La trace nous mène vers un ruisseau caché des deux côtés comme d’ailleurs tous les ruisseaux de ce pays, par un épais rideau d’arbres, et nous nous engageons dans le sentier en pente qui y mène, quand tout à coup l’homme qui me précède crie « tembo » (éléphant) et au même moment, j’entends le bruit que fait la bête en se déplaçant dans l’eau, et en se frayant un passage à travers le fourré ; malheureusement mon guide me fait revenir en arrière, alors que mon sentiment était de pousser en avant, et sur le sentier je rencontre ma femme dont le tippoye moins rapide que le mien suivait à quelque distance, ce qui lui avait permis d’apercevoir l’éléphant au moment où il sortait du fourré de l’autre côté et gravissait la colline de la rive opposée