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chasses et voyages au congo

mélangeant les coups de ma 416 avec ceux de la 9/5 ; je jette celle-ci, et au moment où Bird qui m’a rejoint, s’apprête à tirer, l’éléphant chancelle et tombe sur mon dernier coup, une balle dans la fesse droite qui a dû le traverser ; ses défenses pèsent 28 et 26 kilogs et demi, et quoique moins beau que le premier, je suis néanmoins très content de pouvoir compter cette nouvelle victime à mon actif.

La nuit n’est plus très loin maintenant et nous avons hâte d’aller rejoindre ma femme qui doit se morfondre au bord de la rivière, où nous sommes convenus de la retrouver pour passer ensemble de l’autre côté. Nous ne sommes plus qu’à 50 mètres de la Luama, que le blessé avait essayé de joindre, et où il nous a entraînés à sa suite, et déjà nous entendons tout près, le souffle des hippos. En nous approchant de l’eau, nous en apercevons neuf qui flouent et se poursuivent ; j’en tue un raide mort et en blesse un autre qui descend emporté par le courant et va s’échouer plus loin le long de la berge. Puis sans plus flâner nous coupons au court, et rejoignons la caravane au moment même où un épouvantable orage éclate et nous plonge presque dans l’obscurité, le soir venant rapidement, pendant que trempés des pieds à la tête nous passons nous-mêmes d’abord puis nos charges dans une mauvaise pirogue, qui, instable comme une périssoire, manque plus d’une fois de chavirer ; notre passeur lui-même tombe à l’eau, et on doit le repêcher. Arrivés de l’autre côté nous tirons encore sur les hippos qui sont revenus à la charge, et tout à coup une détonation formidable nous fait nous retourner : c’est le fusil de Bird qui vient d’éclater, et nous ne pouvons nous expliquer la chose que par l’eau qui pendant l’orage sera entrée dans les canons et en aura déterminé l’éclatement. La Capitaine n’est heureusement pas blessé, mais cet incident retarde encore notre avancée et quand enfin nous nous remettons en route toutes nos charges étant passées, la nuit est bel et bien entièrement tombée, et nous ne ardons pas à nous perdre dans l’obscurité ! Longtemps