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chasses et voyages au congo

dables lianes suspendues à leurs branches et les reliant les uns aux autres, complètent le tableau de végétation tropicale qui se déroule à nos yeux. Longtemps nous cheminons dans cette espèce de forêt vierge où à chaque instant de nouvelles essences d’arbres à nous inconnues attirent notre attention ; je note au passage un arbrisseau couvert de boules vertes et jaunes semblables à des oranges, mais plus dures, et comme les boys en mangent, je me demande s’il y a quelque analogie avec le fruit de l’oranger ; les éléphants en sont, paraît-il, très friands, et l’arbre se nomme « jala » ou « makara » au dire de Bird que j’interviewe à ce sujet.

À la halte du déjeuner dans un petit village à 2 kilomètres de la Luama que nous allons devoir traverser, un pisteur vient nous annoncer une trace fraîche d’éléphant ; dans tous ces hameaux Babuyas où les éléphants détruisent les champs de maïs, dès que l’approche d’un Blanc est signalée, les indigènes d’eux-mêmes se mettent en quête d’une piste, qu’ils se hâtent de venir vous signaler dans l’espoir de voir mettre fin aux ravages infligés à leurs champs et en même temps pour avoir de la viande qu’on ne manquera pas de leur distribuer.

— « Have a look », dit le Capitaine dans l’espoir de pouvoir filmer à cette heure du jour, et nous partons sans grande confiance d’ailleurs derrière notre pisteur, tandis que ma femme se dirige vers la rivière avec le gros du bagage. Au bout d’une demi-heure de marche nous voyons la bête dans les herbes, broutant à 1.000 mètres environ de distance, et séparée de nous par une prairie marécageuse que nous jugeons praticable ; nous nous approchons en rampant comme des Sioux, et tenant tout le temps des branches devant nous pour nous camoufler, car nous sommes « en vue » ; à 80 mètres la bête a sans doute vent de nous, car elle regarde hésitante, puis se met en route. C’est trop loin pour filmer et j’ouvre le feu ; je tire, elle vacille, puis se met à courir, et moi de galoper derrière elle, en