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chasses et voyages au congo

pect des différentes bêtes de la création, mais de préférence celle de l’hippo ou d’un pachyderme y ressemblant.

Car nous sommes parvenus au pays des Babuyas, et il n’est pas étonnant que dans ce pays, où les éléphants et les hippos se voient encore ! par centaines, un culte spécial leur soit voué.

La population très différente de celle des bords du Tanganyka donne une impression de santé et de richesse ; les villages sont en général propres et bien tenus ; l’indigène aime l’eau et quand il le peut, on le voit se baigner. Les sommes grands et bien portants semblent exempts des maladies qui trop souvent ravagent la race noire, surtout celle où l’Arabe a laissé de ses traces en passant. Les femmes ne sont point farouches, et les « jeunes » personnes qui hier soir nous ont apporté le « pocho » avaient l’œil passablement allumé. Aussi le tam-tam qui jusqu’à une heure avancée de la nuit nous a empêchés de dormir, nous fait-il croire que les dames de Pengue ne se sont pas montrées trop cruelles envers les hommes de notre caravane… Nous avons eu passablement de peine à les arracher ce matin à ces délices de Capoue, car l’indigène au Congo semble manquer d’obéissance et de discipline, mais le passage du Luiko, affluent de la Luama, que Bird redoute un peu à cause des fortes pluies qui sont tombées tous ces jours-ci nous fait hâter le départ, et nous reprenons la route qui se poursuit comme hier à travers « l’open forest ». L’alerte donnée par un troupeau de buffles vient en rompre la monotonie ; en passant près d’un ruisseau, mes porteurs de tippoye pris de terreur m’ont brutalement déposé, et tout en prenant la fuite ils me criaient « viande, viande » afin que je leur tue l’une des bêtes qui les affolaient. Mais il n’y avait rien à faire : les herbes étaient hautes, et avant d’avoir eu le temps de le reconnaître, le troupeau avait disparu à ma vue. D’ailleurs, à cause de B… qui ne voulait pas effrayer les éléphants, il avait été convenu qu’avant d’avoir tué quelques-uns de ceux-ci, on ne tirerait plus