Page:Maurice Maeterlinck - Théâtre 1, 1903.pdf/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
les aveugles

Le plus vieil Aveugle.

Elle était endormie ; on dirait qu’elle s’éveille.

Premier Aveugle-né.

Il a eu tort de nous mener ici ; je n’aime pas à entendre ce bruit.

Le plus vieil Aveugle.

Vous savez bien que l’Île n’est pas grande, et qu’on l’entend, dès qu’on sort de l’enclos de l’hospice.

Deuxième Aveugle-né.

Je ne l’ai jamais écoutée.

Troisième Aveugle-né.

Il me semble qu’elle est à côté de nous aujourd’hui ; je n’aime pas à l’entendre de près.

Deuxième Aveugle-né.

Moi non plus ; d’ailleurs, nous ne demandions pas à sortir de l’hospice.

Troisième Aveugle-né.

Nous ne sommes jamais venus jusqu’ici ; il était inutile de nous mener si loin.

La plus vieille Aveugle.

Il faisait très beau ce matin ; il a voulu nous faire jouir des derniers jours de soleil, avant de nous enfermer tout l’hiver dans l’hospice…