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ce que j’ai… on ne dit jamais ce qu’il faudrait dire… et tout est effrayant lorsqu’on y songe… Mais pourquoi ne parlez-vous plus ?

L’ONCLE.

Que voulez-vous que nous disions, puisque vous ne voulez pas nous croire ?

L’AÏEUL.

Vous avez peur de vous trahir !

LE PÈRE.

Mais soyez donc raisonnable, à la fin !

L’AÏEUL.

Il y a longtemps que l’on me cache quelque chose !… Il s’est passé quelque chose dans la maison… Mais je commence à comprendre maintenant… Il y a trop longtemps qu’on me trompe ! — Vous croyez donc que je ne saurai jamais rien ? — Il y a des moments où je suis moins aveugle que vous, vous savez ?… Est-ce que je ne vous entends pas chuchoter, depuis des jours et des jours, comme si vous étiez dans la maison d’un pendu ? — Je n’ose pas dire ce que je sais ce soir… Mais je saurai la vérité !… J’attendrai que vous disiez la vérité ; mais il y a longtemps que je la sais, malgré vous ! Et maintenant, je sens que vous êtes tous plus pâles que des morts !

LES TROIS FILLES.

Grand-père ! grand-père ! qu’avez-vous donc, grand-père ?