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L’ONCLE.

Je vous dis qu’il n’y a rien du tout !

L’AÏEUL.

Je voudrais voir ma pauvre fille !

LE PÈRE.

Mais vous savez bien que c’est impossible ; il ne faut pas l’éveiller inutilement.

L’ONCLE.

Vous la verrez demain.

L’AÏEUL.

On n’entend aucun bruit dans sa chambre.

L’ONCLE.

Je serais inquiet si j’entendais du bruit.

L’AÏEUL.

Il y a bien longtemps que je n’ai vu ma fille !… je lui ai pris les mains hier au soir et je ne la voyais pas !… Je ne sais plus ce qu’elle devient… Je ne sais plus comment elle est… Je ne connais plus son visage… Elle doit être changée depuis ces semaines !… J’ai senti les petits os de ses joues sous mes mains… Il n’y a plus que les ténèbres entre elle et moi, et vous tous !… Je ne peux plus vivre ainsi… ce n’est pas vivre cela !… Vous êtes là, tous, les yeux ouverts à regarder mes yeux morts, et pas un de vous n’a pitié !… Je ne sais pas