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L’ONCLE.

Ils n’ont pas autre chose à faire.

LE PÈRE.

Et puis, ils n’ont aucune distraction.

L’ONCLE.

Cela doit être terrible.

LE PÈRE.

Il paraît qu’on s’y habitue.

L’ONCLE.

Je ne puis me l’imaginer.

LE PÈRE.

Il est certain qu’ils sont à plaindre.

L’ONCLE.

Ne pas savoir où l’on est, ne pas savoir d’où l’on vient, ne pas savoir où l’on va, ne plus distinguer midi de minuit, ni l’été de l’hiver… et toujours ces ténèbres, ces ténèbres… j’aimerais mieux ne plus vivre… Est-ce que c’est absolument incurable ?

LE PÈRE.

Il paraît que oui.

L’ONCLE.

Mais il n’est pas absolument aveugle ?