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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

mitif et dans leur pays d’origine, elles travaillent à l’air libre. C’est l’incertitude, l’inclémence de nos saisons septentrionales qui leur donna l’idée de chercher un abri dans le creux des rochers ou des arbres. Cette idée de génie rendit au butinage et aux soins du « couvain » les milliers d’ouvrières autrefois immobilisées autour des rayons afin d’y maintenir la chaleur nécessaire. Il n’est pas rare, surtout dans le Midi, que durant les étés exceptionnellement doux, elles retournent à ces mœurs tropicales de leurs ancêtres[1].

  1. Je venais d’écrire ces lignes, quand M. E.-L. Bouvier fit à l’Académie des Sciences (Compte rendu du 7 mai 1906) une communication au sujet de deux nidifications en plein air constatées à Paris, l’une sur un Sophora Japonica, l’autre sur un Marronnier d’Inde, Cette dernière, suspendue à une petite branche munie de deux bifurcations assez voisines, était la plus remarquable, à cause de l’adaptation évidente et intelligente à des circonstances particulièrement difficiles. « Les abeilles (je cite le résumé de M. de Parville dans la Revue des Sciences des Débats, 31 mai 1906) établirent des piliers de consolidation et eurent recours à des artifices vraiment remarquables de protection et finirent par transformer en un plafond solide la double