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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

idéal. Elles luttent comme nous, contre une grande force indifférente qui finit par les aider. Leur imagination inventive suit non seulement les mêmes méthodes prudentes et minutieuses, les mêmes petits sentiers fatigants, étroits et contournés, elle a aussi des bonds inattendus qui mettent tout à coup au point définitif, une trouvaille incertaine. C’est ainsi qu’une famille de grands inventeurs, parmi les Orchidées, une étrange et riche famille américaine, celle des Catasétidées, a, d’une pensée hardie, brusquement bouleversé un certain nombre d’habitudes qui lui semblaient sans doute trop primitives. D’abord, la séparation des sexes est absolue ; chacun d’eux a sa fleur particulière. Ensuite, la pollinie ou, en d’autres termes, la masse ou le paquet de pollen, ne trempe plus sa tige dans une vasque pleine de gomme, y attendant, un peu inerte, et en tous cas privée d’initiative, le bon hasard qui doit la fixer sur la tête de l’insecte. Elle est repliée sur un puissant ressort, dans une