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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

XIX

N’est-ce pas exactement ainsi, par des riens, par des reprises, des retouches successives que progressent les inventions humaines ? Nous avons tous suivi, dans la plus récente de nos industries mécaniques, les perfectionnements minimes mais incessants de l’allumage, de la carburation, du débrayage, du changement de vitesse. On dirait vraiment que les idées viennent aux fleurs de la même façon qu’elles nous viennent. Elles tâtonnent dans la même nuit, elles rencontrent les mêmes obstacles, la même mauvaise volonté, dans le même inconnu. Elles connaissent les mêmes lois, les mêmes déceptions, les mêmes triomphes lents et difficiles. Il semble qu’elles ont notre patience, notre persévérance, notre amour-propre ; la même intelligence nuancée et diverse, presque le même espoir et le même