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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

assez commune en France, qu’on la reconnaît aisément et qu’elle se prête fort bien, en raison de sa taille et de la netteté de ses organes, aux expériences que l’on voudrait faire. Il suffit en effet d’introduire dans la fleur, en la poussant soigneusement jusqu’au fond du nectaire, la pointe d’une allumette, pour voir se succéder, à l’œil nu, toutes les péripéties de la fécondation. Frôlée au passage, la pochette ou rostellum s’abaisse, découvrant le petit disque visqueux (le Loroglosse n’en a qu’un) qui supporte les deux tiges à pollen. Aussitôt ce disque agrippe violemment le bout de bois, les deux loges qui renferment les boulettes de pollen s’ouvrent longitudinalement, et quand on retire l’allumette, son extrémité est solidement coiffée de deux cornes divergentes et rigides que terminent des boules d’or. Malheureusement, on ne jouit pas ici, comme dans l’expérience avec l’Orchis latifolia, du joli spectacle qu’offre l’inclination graduelle et précise des deux cornes.