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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

la fleur s’est faite proténandre, c’est-à-dire que les étamines mûrissent avant le pistil, si bien que lorsque la femelle est apte à concevoir, les mâles ont déjà disparu. Il faut donc qu’une force extérieure intervienne pour accomplir l’union en transportant un pollen étranger sur le stigmate abandonné. Un certain nombre de fleurs, les anémophiles, s’en remettent au vent de ce soin. Mais la Sauge, et c’est le cas le plus général, est entomophile, c’est-à-dire qu’elle aime les insectes et ne compte que sur la collaboration de ceux-ci. Du reste, elle n’ignore point, — car elle sait bien des choses, — qu’elle vit dans un monde où il convient de ne s’attendre à aucune sympathie, à aucune aide charitable. Elle ne perdra donc pas sa peine à faire d’inutiles appels à la complaisance de l’abeille. L’abeille, comme tout ce qui lutte contre la mort sur notre terre, n’existe que pour soi et pour son espèce, et ne se soucie nullement de rendre service aux fleurs qui la nourrissent. Comment