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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

ralement frêles et nombreuses, sont rangées autour du pistil robuste et patient. « Mariti et uxores uno eodemque thalamo gaudent », dit délicieusement le grand Linné. Mais la disposition, la forme, les habitudes de ces organes varient de fleur en fleur, comme si la nature avait une pensée qui ne peut encore se fixer, ou une imagination qui se fait son point d’honneur de ne jamais se répéter. Souvent le pollen, quand il est mûr, tombe tout naturellement du haut des étamines sur le pistil ; mais, bien souvent aussi, pistil et étamines sont de même taille, ou celles-ci sont trop éloignées, ou le pistil est deux fois plus grand qu’elles. Ce sont alors des efforts infinis pour se joindre. Tantôt,

    d’appeler l’attention du lecteur sur la terminologie défectueuse, déconcertante, dont on use en Botanique pour désigner les organes reproducteurs de la plante. Dans l’organe femelle, le pistil, qui comprend l’ovaire, le style et le stigmate qui le couronne, tout est du genre masculin et tout semble viril. Par contre, les organes mâles, les étamines, que surmontent les anthères, ont un nom de jeune fille. Il est bon de se pénétrer une fois pour toutes de cette antonymie.