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L’IMMORTALITÉ

sans conscience, ou avec une conscience élargie et transformée, dont celle que nous possédons aujourd’hui ne nous peut donner aucune idée, qu’elle nous empêche plutôt de concevoir, de même que notre œil imparfait nous empêche de concevoir une autre lumière que celle qui va de l’infra-rouge à l’ultra-violet ; alors qu’il est certain que ces lumières, probablement prodigieuses, éblouiraient de toutes parts, dans la nuit la plus noire, une prunelle autrement façonnée que la nôtre.

Bien que double au premier abord, l’hypothèse se ramène à la simple question de conscience. Dire, par exemple, comme nous sommes tentés de le faire, qu’une survie sans conscience équivaut à l’anéantissement, c’est trancher a priori et sans réflexion ce problème de la conscience, le principal et le plus obscur de tous ceux qui nous intéressent.

Il est, comme l’ont proclamé toutes les métaphysiques, le plus difficile qui soit,