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L’IMMORTALITÉ

et dans un règne où les dieux mêmes que nous avons créés n’auraient pas toujours accès, qu’il faudrait examiner tout d’abord.

IX

On ne saurait exposer tous les paralogismes de notre imagination sur le point qui nous occupe. Ainsi, nous nous résignons assez facilement à la dissolution de notre corps dans le tombeau. Nous ne tenons nullement à ce qu’il nous accompagne dans l’infini des temps. À y réfléchir, nous serions même chagrinés qu’il nous y escortât avec ses inévitables misères, ses tares, ses laideurs, et ses ridicules. Ce que nous entendons y conduire, c’est notre âme. Mais que répondrons-nous à qui nous demande s’il est possible de concevoir que cette âme soit autre chose que l’ensemble de nos facultés intellectuelles et morales, jointes si l’on veut,