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L’IMMORTALITÉ

vellent sans cesse. Est-ce un point immuable qui ne saurait être la forme ni la substance, toujours en évolution, ni la vie cause ou effet de la forme et de la substance ? En vérité, il nous est impossible de le saisir ou de le définir, de dire où il réside. Lorsqu’on veut remonter jusqu’à sa dernière source, on ne trouve guère qu’une suite de souvenirs, une série d’idées d’ailleurs confuses, et variables, se rattachant au même instinct de vivre ; une série d’habitudes de notre sensibilité et de réactions conscientes ou inconscientes contre les phénomènes environnants. En somme, le point le plus fixe de cette nébuleuse est notre mémoire, qui semble d’autre part une faculté assez extérieure, assez accessoire, en tout cas, une des plus fragiles de notre cerveau, une de celles qui disparaissent le plus promptement au moindre trouble de notre santé. « Cela même, a dit très justement un poète anglais, qui demande à grands cris l’éternité, est ce qui périra en moi. »