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NOTRE DEVOIR SOCIAL

raisonnable au sujet de notre question sociale, nous invite à faire tout le possible afin de diminuer peu à peu les inégalités inévitables et répartir plus équitablement le bonheur. L’opinion extrême exige sur l’heure le partage intégral, la suppression de la propriété, le travail obligatoire, etc. Nous ne savons pas encore comment se réaliseront ces exigences ; mais il est d’ores et déjà certain que de très simples circonstances les feront paraître un jour aussi naturelles que la suppression du droit d’aînesse ou des privilèges de la noblesse. Il importe, en ces questions d’une durée d’espèce et non de peuple ou d’individu, de ne point se limiter à l’expérience de l’histoire. Ce qu’elle confirme et ce qu’elle dément s’agite dans un cercle insignifiant. La vérité ici se trouve bien moins dans la raison, toujours tournée vers le passé, que dans l’imagination qui voit plus loin que l’avenir.