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NOTRE DEVOIR SOCIAL

espoirs et de notre justice. Ne nous persuadons pas que ces efforts ne sont imposés qu’aux meilleurs ; il n’en est rien, et les plus humbles d’entre nous qui pressentent une aurore qu’ils ne comprennent pas, doivent l’attendre tout au haut d’eux-mêmes. Leur présence sur ces sommets intermédiaires remplira de substance vivante l’intervalle dangereux des premiers aux derniers et maintiendra les communications indispensables entre l’avant-garde et la masse.

Songeons parfois au grand vaisseau invisible qui porte sur l’éternité nos destinées humaines. Il a, comme les vaisseaux de nos océans limités, ses voiles et son lest. Si l’on craint qu’il roule ou qu’il tangue au sortir de la rade, ce n’est pas une raison pour augmenter le poids du lest en descendant à fond de cale les belles voiles blanches. Elles ne furent pas tissées pour moisir dans l’obscurité à côté des pierres du chemin. Le lest, on en trouve partout ; tous les cailloux du port, tout le sable des plages y est propre. Mais les