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NOTRE DEVOIR SOCIAL

la plus impardonnable des forfaitures. Nous n’avons pas à nous préoccuper des conséquences souvent fâcheuses de notre hâte ; cela n’est pas écrit dans notre rôle, et en tenir compte, serait ajouter à ce rôle des mots infidèles qui ne se trouvent point dans le texte authentique dicté par la nature. L’humanité nous a désignés pour accueillir ce qui s’élève à l’horizon. Elle nous a donné une consigne qu’il ne nous appartient pas de discuter. Elle répartit ses forces comme bon lui semble. À tous les carrefours de la route qui mène à l’avenir, elle a mis, contre chacun de nous, dix mille hommes qui gardent le passé ; ne craignons donc point que les plus belles tours d’autrefois ne soient pas suffisamment défendues. Nous ne sommes que trop naturellement enclins à temporiser, à nous attendrir sur des ruines inévitables ; c’est notre plus grand tort. Le moins que puissent faire les plus timorés d’entre nous, — et ils sont déjà bien près de trahir, — c’est de ne point ajouter à l’im-