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NOTRE DEVOIR SOCIAL

silencieuses de ceux qui attendent dans l’injustice ne sont pas plus graves que celles que subiront durant quelques semaines ou quelques mois les privilégiés d’aujourd’hui. On oublie volontiers que les bourreaux de la misère sont moins bruyants, moins scéniques, mais infiniment plus nombreux, plus cruels, plus actifs que ceux des plus affreuses révolutions.

Enfin, dernier argument et peut-être le plus troublant : l’humanité, déclare-t-on, depuis plus d’un siècle parcourt les années les plus fécondes, les plus victorieuses, les années probablement climatériques de sa destinée. Elle semble, à considérer le passé, dans la phase décisive de son évolution. On croirait, à certains indices, qu’elle est près d’atteindre son apogée. Elle traverse une période d’inspiration à laquelle nulle autre ne se peut historiquement comparer.