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NOTRE DEVOIR SOCIAL

peuvent être assez sérieusement défendues. Nous rencontrons d’abord la plus ancienne qui soutient que l’inégalité est inévitable, étant conforme aux lois de la nature. Il est vrai ; mais l’espèce humaine paraît assez vraisemblablement créée pour s’élever au-dessus de certaines lois de la nature. Si elle renonçait à surmonter plusieurs de ces lois, son existence même serait remise en péril. Il est conforme à sa nature particulière d’obéir à d’autres lois que celle de sa nature animale, etc. Du reste, l’objection est dès longtemps classée parmi celles dont le principe est insoutenable et mènerait au massacre des faibles, des malades, des vieillards, etc.

On dit ensuite qu’il est bon, pour hâter le triomphe de la justice, que les meilleurs ne se dépouillent pas prématurément de leurs armes dont les plus efficaces sont précisément la richesse et le loisir. On reconnaît suffisamment ici la nécessité du grand sacrifice, et l’on ne met en question que son op-