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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

bien, attendaient-ils, peut-être prévoyants, depuis les premiers jours, l’heure aiguë du péril pour redoubler leur aide ? N’était-ce qu’un hasard heureux ? Quel œil humain assistera jamais à ces drames muets et trop longs pour notre petite vie[1] ?

V

Parmi les végétaux qui donnent les preuves les plus frappantes d’initiative, les plantes qu’on pourrait appeler animées ou sensibles auraient droit à une étude détaillée. Je me contenterai de rappeler les effarouchements délicieux de la Sensitive, la Mi-

  1. Rapprochons de ceci l’acte d’intelligence d’une autre racine dont Brandis (Über Leben und Polarität) nous rapporte les exploits. Elle avait, en s’enfonçant dans la terre, rencontré une vieille semelle de botte ; pour traverser cet obstacle qu’elle était apparemment la première de son espèce à trouver sur sa route, elle se subdivisa en autant de parties qu’il y avait de trous laissés par les points de couture, puis, l’obstacle franchi, elle réunit et ressouda toutes ses radicelles divisées, de manière à reformer un pivot unique et homogène.