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L’ACCIDENT

Il n’empêche, quand on considère l’inconsistance de notre corps, la puissance démesurée de tout ce qui l’entoure et le nombre de dangers où nous nous exposons, que notre chance comparée à celle des autres êtres vivants n’apparaisse prodigieuse. Parmi nos machines, nos appareils, nos poisons, nos feux, nos eaux, toutes les forces plus ou moins asservies mais toujours prêtes à la révolte, nous risquons notre vie vingt ou trente fois plus souvent que le cheval, par exemple, le bœuf ou le chien. Or, dans un accident de la rue ou de la route, dans une inondation, un tremblement de terre, un orage, un incendie, dans la chute d’un arbre ou d’une maison, l’animal sera presque toujours frappé de préférence à l’homme. Il est évident que la raison, l’expérience et l’inconscient mieux avisé de celui-ci le pré-