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L’ACCIDENT

quer des souvenirs, de faire des rapprochements, des remarques minimes et précises. L’arbre qu’on voit à travers la mort est un platane, il a trois trous dans son écorce diaprée… il est moins beau que celui du jardin… le rocher sur lequel le crâne s’écrasera a des veines de mica et de marbre bien blanc… Elle sent qu’elle n’est pas responsable, qu’on n’a nul reproche à lui faire ; elle est presque souriante, elle goûte je ne sais quelle volupté ambiguë et attend l’inévitable avec une résignation adoucie où se mêle une prodigieuse curiosité.

Il est évident que si notre vie n’avait à compter que sur l’intervention de cet amateur indolent, trop logique et trop clairvoyant, tout accident finirait fatalement en catastrophe. Heureusement, prévenu par les nerfs qui tourbillonnent, perdent la tête