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LE PARDON DES INJURES

donner des faits qui nous heurtent à tout moment, s’élève à proportion que s’accumule le grossier trésor du sens pratique de l’existence. À mesure que notre sens de la vie s’accroît par les racines dans l’humus, il est indispensable qu’il monte dans la lumière par les fleurs et les fruits. Il faut qu’une pensée toujours en éveil soulève, aère et anime sans cesse le poids mort des années. Du reste, cette expérience si positive, si pratique, si débonnaire, si tranquille, si naïve et si sincère en apparence, elle sait bien au fond qu’elle nous cache quelque chose d’essentiel ; et si l’on avait la force de la pousser jusqu’en ses plus secrets retranchements, on finirait par lui arracher à coup sûr l’aveu suprême qu’en dernière analyse et au bout de tout compte, l’interprétation la plus haute est toujours la plus vraie.