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LE PARDON DES INJURES

nul ne songera à comparer son courage inutile au dévouement, presque toujours moins périlleux, de celui qui se jette à l’eau ou dans les flammes pour sauver un enfant. En tout cas, et peut-être plus efficacement que l’autre, l’ordre dont nous parlions dissipe toute haine, car il ne descend plus d’une volonté étrangère, il naît en nous à la vue d’un immense spectacle où les actions des hommes prennent leur place et leur signification véritables. Il n’y a plus de mauvaise volonté, d’ingratitude, d’injustice, ni de perversité, il n’y a même plus d’égoïsme dans la nuit magnifique et illimitée où s’agitent de pauvres êtres menés par des ténèbres que chacun d’eux suit de très bonne foi en croyant remplir un devoir ou exercer un droit.

Ne craignons pas que cette vision et tant d’autres plus grandioses et aussi exactes, qui