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LE PARDON DES INJURES

genre, pris aux extrémités de l’imagination, soient oiseux ou absurdes. L’existence nous apporte sans cesse des équivalents moins tragiques mais aussi difficiles ; et de l’esprit qui préside à la solution des plus hauts cas de conscience dépend celle des plus humbles. Tout ce qu’on imagine en grand finit un jour par se réaliser en petit ; et du choix que nous ferions sur la montagne, dépend exactement celui que nous ferons dans la vallée.

Nous pouvons d’ailleurs apprendre à pardonner aussi complètement que le chrétien. Non plus que lui nous ne sommes prisonniers de ce monde que nous voyons avec les yeux de notre tête. Il suffit d’un effort analogue au sien, mais vers d’autres portes, pour nous en évader. Le chrétien, tout comme nous, n’oubliait pas l’injure, il ne tentait pas l’impossible, mais il allait noyer