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LE PARDON DES INJURES

elle n’atteindra le suprême sommet que si elle préfère l’ennemi.

Cet idéal, sublime malgré les récompenses infinies qu’il escompte, qu’en faut-il penser dans un monde qui n’attend rien d’un autre monde ? Auquel des trois moments surhumains appellerons-nous fou celui qui se jettera dans l’un de ces trois abîmes du pardon ? Autour du premier, nous trouverons encore aujourd’hui quelques traces de pas ; mais autour des deux autres, personne ne s’égarera plus. Reconnaissons qu’il y a là une sorte de marché héroïque de la foi qui n’est plus possible ; mais, la foi enlevée, il n’en reste pas moins, jusque dans la déraison de cet idéal, quelque chose d’humain qui est comme un pressentiment de ce que l’homme voudrait faire si la vie n’était pas si cruelle.

Et ne croyons pas que des exemples de ce