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ÉLOGE DE LA BOXE

les vertèbres mal emboîtées ne tiennent que par miracle ; et notre cage thoracique qui n’offre qu’une série de porte à faux qu’on ose à peine toucher du bout des doigts. Or c’est contre cette molle et incohérente machine qui semble un essai manqué de la nature, c’est contre ce pauvre organisme d’où la vie tend à s’échapper de toutes parts, que nous avons imaginé des armes capables de nous anéantir même si nous possédions la fabuleuse cuirasse, la prodigieuse force et l’incroyable vitalité des insectes les plus indestructibles. Il y a là, il faut en convenir, une bien curieuse et bien déconcertante aberration, une folie initiale, propre à l’espèce humaine, qui, loin de s’amender, va croissant chaque jour. Pour rentrer dans la logique naturelle que suivent tous les autres êtres vivants, s’il nous est permis d’user d’armes extraordinaires contre nos ennemis d’un ordre différent, nous devrions, entre nous, hommes, ne nous servir que des moyens d’attaque et de défense fournis par