Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

tout cas, rien n’est décidé. Nous sommes encore en suspens. Ceux qui assurent que l’ancien idéal moral doit disparaître parce que les religions disparaissent, se trompent étrangement. Ce ne sont point les religions qui ont formé cet idéal ; mais bien celui-ci qui a donné naissance aux religions. Ces dernières affaiblies ou disparues, leurs sources subsistent qui cherchent un autre cours. Tout compte fait, à la réserve de certaines vertus factices et parasites qu’on abandonne naturellement au tournant de la plupart des cultes, il n’y a encore rien à changer à notre vieil idéal aryen de justice, de conscience, de courage, de bonté et d’honneur. Il n’y a qu’à s’en rapprocher davantage, à le serrer de plus près, à le réaliser plus efficacement ; et, avant de le dépasser, nous avons encore une longue et noble route à parcourir sous les étoiles.