Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

XX

Pour revenir à l’idée centrale de tout ceci, et pour la résumer, reconnaissons qu’il est nécessaire de maintenir l’équilibre entre ce que nous avons appelé le bon sens et les autres facultés et sentiments de notre vie. Au rebours de ce que nous faisions autrefois, nous sommes aujourd’hui trop enclins à rompre cet équilibre en faveur du bon sens. Certes, le bon sens a le droit de contrôler plus strictement que jamais tout ce qui dépasse la conclusion pratique de son raisonnement, tout ce que lui apportent d’autres forces ; mais il ne peut empêcher celles-ci d’agir que lorsqu’il a acquis la certitude qu’elles se trompent ; et il se doit à lui-même, au respect de ses propres lois, d’être de plus en plus circonspect dans l’affirmation de cette certitude.