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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

la plante est perdue ou germera dans la misère. De là l’immense effort pour secouer le joug et conquérir l’espace. De là les merveilleux systèmes de dissémination, de propulsion, d’aviation, que nous trouvons de toutes parts dans la forêt et dans la plaine ; entre autres, pour ne citer en passant que quelques-uns des plus curieux : l’hélice aérienne ou samare de l’Érable, la bractée du Tilleul, la machine à planer du Chardon, du Pissenlit, du Salsifis ; les ressorts détonnants de l’Euphorbe, l’extraordinaire poire à gicler de la Momordique, les crochets à laine des Ériophiles ; et mille autres mécanismes inattendus et stupéfiants, car il n’est, pour ainsi dire, aucune semence qui n’ait inventé de toutes pièces quelque procédé bien à elle pour s’évader de l’ombre maternelle.

On ne saurait croire, en effet, si l’on n’a quelque peu pratiqué la Botanique, ce qu’il se dépense d’imagination et de génie dans toute cette verdure qui réjouit nos yeux. Regardez, par exemple, la jolie marmite à