Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

XIV

Du reste, si quelques pensées générales parviennent à émerger du chaos de demi-découvertes, de demi-vérités qui hallucinent l’esprit de l’homme moderne, l’une de ces pensées n’affirme-t-elle pas que la nature a mis en chaque espèce d’êtres vivants tous les instincts nécessaires à l’accomplissement de ses destinées ? Et de tout temps, n’a-t-elle pas mis en nous un idéal moral qui, chez le sauvage le plus primitif, comme chez le civilisé le plus raffiné, garde, sur les conclusions du bon sens, une avance proportionnelle sensiblement égale ? Le sauvage, de même que le civilisé dans une sphère plus élevée, n’est-il pas d’ordinaire infiniment plus généreux, plus loyal, plus fidèle à sa parole que ne le conseillent l’intérêt et l’expérience de sa misérable vie ? N’est-ce pas grâce à cet idéal instinctif