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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

XII

Dans les sciences exactes, où il semble qu’elles devraient être d’abord détrônées, l’imagination et la raison mystique, c’est-à-dire cette partie de notre raison qui s’étale au-dessus du bon sens, ne conclut pas et fait une part énorme et légitime aux hésitations et aux possibilités de l’inconnu, notre imagination, dis-je, et notre raison mystique ont encore une place d’honneur. En esthétique, elles règnent à peu près sans partage. Pourquoi faudrait-il leur imposer silence dans la morale, qui occupe une région intermédiaire entre les sciences exactes et l’esthétique ? Il n’y a pas à se le dissimuler, si elles cessent de venir en aide au bon sens, si elles renoncent à prolonger son œuvre, tout le sommet de notre morale s’affaisse brusquement. À partir d’une certaine ligne que dépassent