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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

Souvenons-nous que presque tous nos progrès se sont faits en dépit des sarcasmes et des malédictions avec lesquels il accueillit les hypothèses déraisonnables mais fécondes de l’imagination. Parmi les flots mouvants et éternels d’un univers sans bornes, ne nous attachons donc point à notre bon sens comme à l’unique roc de salut. Liés à ce roc immobile à travers tous les âges et toutes les civilisations, nous ne ferions rien de ce que nous devrions faire ; nous ne deviendrions rien de ce que nous pouvons peut-être devenir.

IX

Jusqu’ici, cette question d’une morale limitée par le bon sens n’avait pas grande importance. Elle n’arrêtait pas le développement de certaines aspirations, de certaines forces qu’on a toujours considérées comme les plus belles et les plus nobles qui se