Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

C’est un état que beaucoup d’hommes, après la mort complète des idées religieuses, ne dépasseront plus.

VI

Le « bon sens », lui, un peu moins matériel, un peu moins animal regarde les choses d’un peu plus haut et voit par conséquent un peu plus loin. Il remarque bientôt que l’avare « sens commun » mène dans sa coquille une vie obscure, étroite et misérable. Il observe que l’homme, non plus que l’abeille, ne saurait demeurer solitaire ; et que la vie qu’il partage avec ses semblables, pour s’épanouir librement et complètement, ne se peut réduire à une lutte sans justice et sans pitié, ni à un simple échange de services âprement compensés. Dans ses rapports avec autrui, il part encore de l’égoïsme ; mais cet égoïsme n’est plus purement matériel. Il considère encore