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L’INQUIÉTUDE DE NOTRE MORALE

certitude : sa propre vie. Dans cette vie, allant au fond des choses, il n’est que deux maux réels : la maladie et la pauvreté ; et deux biens véritables et irréductibles : la santé et la richesse. Toutes les autres réalités, heureuses ou malheureuses, en découlent. Le reste, joies et peines qui naissent des sentiments, des passions, est imaginaire, puisqu’il dépend de l’idée que nous nous en faisons. Notre droit à jouir n’est limité que par le droit pareil de ceux qui vivent en même temps que nous ; et nous avons à respecter certaines lois établies dans l’intérêt même de notre paisible jouissance. À la réserve de ces lois, nous n’admettons aucune contrainte ; et notre conscience, loin d’entraver les mouvements de notre égoïsme, doit, au contraire, approuver leurs triomphes, attendu que ces triomphes son ce qu’il y a de plus conforme aux devoirs instinctifs et logiques de la vie.

Voilà la première assise, le premier état, de toute morale naturelle.