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LA MESURE DES HEURES

centre et des noms successifs à la béatitude éparse et anonyme. Toute la poésie, toutes les délices des environs, tous les mystères du firmament, toutes les pensées confuses de la futaie qui garde la fraîcheur que lui confia la nuit comme un trésor sacré, toute l’intensité bienheureuse et tremblante des champs de froment, des plaines, des collines livrées sans défense à la dévorante magnificence de la lumière, toute l’indolence du ruisseau qui coule entre ses rives tendres, et le sommeil de l’étang qui se couvre des gouttes de sueur que forment les lentilles d’eau, et la satisfaction de la maison qui ouvre en sa façade blanche ses fenêtres avides d’aspirer l’horizon, et le parfum des fleurs qui se hâtent de finir une journée de beauté embrasée, et les oiseaux qui chantent selon l’ordre des heures pour leur tresser des guirlandes d’allégresse dans le ciel, — tout cela, avec des milliers de choses et des milliers de vies qui ne sont pas visibles, se donne rendez-vous et prend conscience de sa durée autour