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LA MESURE DES HEURES

heures parmi les fleurs », répète une antique table de marbre au fond d’un vieux jardin. Mais l’une des plus belles exergues est certes celle que découvrit un jour aux environs de Venise, Hazlitt, un essayiste anglais du commencement de l’autre siècle : « Horas non numero nisi serenas. » « Je ne compte que les heures claires ». « Quel sentiment destructeur des soucis ! Toutes les ombres s’effacent au cadran quand le soleil se voile, et le temps n’est plus qu’un grand vide, à moins que son progrès ne soit marqué par ce qui est joyeux, tandis que tout ce qui n’est pas heureux descend dans l’oubli ! Et la belle parole qui nous apprend à ne compter les heures que par leurs bienfaits, à n’attacher d’importance qu’aux sourires et à négliger les rigueurs du destin, à composer notre existence des moments brillants et amènes, nous tournant toujours vers le côté ensoleillé des choses et laissant passer tout le reste à travers notre imagination oublieuse ou inattentive ! »